De l’Evangile selon Jean (Jn 19, 41-42)
A l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. A cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.
Je ne te vois plus, Jésus, maintenant il fait nuit. De longues ombres tombent des collines, et les lanternes du Sabbat foisonnent à Jérusalem, hors des maisons et dans les chambres. Elles frappent aux portes du ciel, fermé et impénétrable : pour qui est une telle solitude ? Qui peut dormir dans une telle nuit? La ville résonne des pleurs des enfants, des chants de leurs mères, des patrouilles des soldats : ce jour meurt, et seul tu t’es endormi. Tu dors ? Et sur quel lit ? Quelle couverture te cache au monde ?
De loin, Joseph d’Arimathie a suivi tes pas, et maintenant sur la pointe des pieds, il t’accompagne dans ton sommeil, il te soustrait aux regards des indignés et des méchants. Un linceul enveloppe ton corps froid, éponge le sang et la sueur et les larmes. De la croix tu tombes, mais avec légèreté, Joseph te hisse sur ses épaules, mais tu es léger : tu ne portes pas le poids de la mort, ni de la haine, ni de la rancœur. Tu dors comme lorsque tu étais enveloppé dans la paille tiède et qu’un autre Joseph te tenait dans ses bras. Comme à l’époque il n’y avait pas de place pour toi, maintenant tu n’as rien où poser la tête : mais sur le Calvaire, sur la dure tête du monde, là-bas s’élève un jardin où personne encore n’a été enterré.
Où es-tu allé Jésus ? Où es-tu descendu, si ce n’est dans les profondeurs ? Où, si ce n’est dans cet endroit encore vierge, dans la prison la plus étroite ? Tu es pris dans nos propres pièges, tu es emprisonné dans notre propre tristesse : comme nous tu as cheminé sur la terre, et maintenant sous la terre, comme nous, tu prends place.
Je voudrais courir loin, mais tu es au dedans de moi ; je n’ai pas à sortir à ta recherche, parce que tu frappes à ma porte.
Je te prie, Seigneur, toi qui ne t’es pas manifesté dans la gloire
mais dans le silence d’une nuit obscure.
Toi qui ne regardes pas la surface, mais qui vois dans le secret
et qui entres dans les profondeurs,
des profondeurs écoute notre voix :
fais que, fatigués, nous puissions nous reposer en toi,
reconnaître en toi notre nature,
voir dans l’amour de ton visage endormi
notre beauté perdue.
On peut prier le Notre Père.